Nos émotions : comment les accepter et les gérer ?

Quand j’étais petite, l’un des principes éducatifs de mes parents était que je sois une petite fille sage et raisonnable. Et dans ce raisonnable, il y avait l’idée qu’il ne faut pas laisser les émotions prendre trop de place. On retrouve là l’opposition traditionnelle, en Occident, entre raison et émotion : on valorise la raison et on réfrène les émotions.

Déjà dans l’Antiquité, les grecs se méfiaient des émotions, perturbatrices de l’ordre social, comme l’orgueil (l’hybris), démesure de la fierté et de la confiance en soi.

Puis, au XIX siècle, Darwin démontre que les émotions sont au départ un phénomène biologique adaptatif : elles sont utiles à la survie et à la gestion des évènements majeurs de la vie. Ainsi, une émotion est adéquate lorsqu’elle est adaptée à la situation et exprimée avec une intensité proportionnée aux circonstances.

Les émotions s’inscrivent  dans notre patrimoine génétique puis sont renforcées par notre éducation et notre milieu culturel.

Toutes les émotions nous sont utiles et ont des fonctions bien précises. Les émotions considérées comme négatives  ou désagréables comme la peur, la colère, la tristesse sont associées à des situations souvent dangereuses et nous font éviter les dangers potentiels ou ralentir pour trouver une solution.

Les émotions agréables, comme la joie, sont associées à des situations de recherche de ressources comme la nourriture, le repos, le plaisir, les échanges avec autrui …elles sont notre « carburant » pour avancer,  notre capacité à partager. Elles nous donnent des ailes.

Nous avons besoin des deux.

Elles apparaissent souvent avant même que nos pensées arrivent à notre esprit, par exemple, dans la peur, notre corps est agité de tremblements, de frissons, avant même que nous ayons commencé à « mentaliser » sur ce qui nous inquiète.

Les émotions apparaissent à notre esprit à la fois par un ressenti corporel et par des pensées (ou une modification de notre vision du monde). On peut avoir alors l’impression que c’est le monde tel qu’il est qui pose problème, alors que c’est notre vision du monde sous l’emprise de l’émotion.

De même, la réponse-action est souvent disproportionnée : la colère pousse à l’agressivité ou à la violence, la tristesse, au repli sur soi, la peur, à la fuite…

Que faire lorsque nous sommes sous l’emprise d’émotions douloureuses ou désagréables ?

En étant à l’écoute de nos sensations, nous sachons reconnaître l’émotion qui nous habite. Mettons des mots sur nos ressentis, analysons leur cheminement dans un premier temps. Puis chaque fois que l’émotion survient, prenons le temps de nous arrêter pour l’explorer en  conscience, sans chercher à la maîtriser, à la contrôler ou à la faire disparaître. Juste la reconnaître et l’accepter : on peut même déclarer ouvertement : « j’ai de la colère en moi ». Autorisons-nous à avouer nos peurs et à admettre nos tristesses.

Ainsi, dès lors que nous savons différencier nos émotions, nous sommes à même de les gérer 

On peut alors utiliser des exercices destinés à  épuiser  l’émotion, comme en sophrologie. Répétés régulièrement, ces exercices permettent une diminution de l’intensité de l’émotion.

Puis la stratégie consiste à cultiver les émotions positives. Ainsi plus je ressens, dans la journée, de l’affection, du bien-être, du bonheur, de la compassion, de la bienveillance, moins il y a d’espace pour l’explosion d’émotions destructrices et douloureuses.

Car, nos émotions sont des signaux de nos besoins fondamentaux 

Les refouler ou les nier, c’est nier qu’un besoin (sécurité, appartenance, estime de soi…) n’est pas satisfait. Or ces besoins marquent le point de départ de l’acceptation de soi et du développement de son autonomie.

Ainsi, sans nous décourager, acceptons d’être parfois victime de colères absurdes, d’angoisses irraisonnées ou de tristesses exagérées. « C’est l’une des grandes affaires de notre vie que de travailler à notre équilibre émotionnel. » écrit le psychiatre Christophe André, « Il n’y a pas de raccourci sur ce chemin-là. Mais on finit toujours par y arriver si on continue de marcher… ».

Sylvie Pronost, sophrologue.

(Source d’inspiration pour l’écriture de cet article : Trois amis en quête de sagesse, de Christophe André, Alexandre Jollien et Matthieu Ricard)

Et pour aller plus loin :

Comment accueillir une émotion– excellente BD publiée sur le site de Kaizen Magazine

Les besoins fondamentaux de l’être humain, par Fabrice Renault

Plus dangereuse que virus et bactéries réunis, par Gabriel Combris sur le site PureSanté

Auteur : Sylvie Pronost

Un site pour vivre mieux : relaxations guidées, outils de sophrologie et philosophie de vie. Un site antistress :)

5 commentaires

  1. Votre article est tres interessant ( je l’ai relu plusieurs fois). Le simple fait d’avoir conscience de la nature de nos emotions dans une situation donnee nous apprend beaucoup sur nous meme.

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